La nuit commence à peine que déjà les ombres sont bien installées à Rome. Chaque homme bon ayant pris le soin de verrouiller sa porte, de bloquer ses fenêtres et veille à ce que personne n'entre chez lui. L'Ide n'est pas encore loin, mais il faut se méfier des démons tapis dans la nuit. Tous les démons ne dansent pas, tous les démons ne volent pas, certains attendent. Et c'est exactement ce que fait Malvolio Macbeth en ce moment même.

Dans le donjon de la famille, dans l'une des pièces que l'on pourrait appeler sommairement un salon, le comptable du Styx patiente en contemplant un tableau suspendu entre deux bibliothèques. Un mélange savoureux de styles résultant à cette oeuvre unique. Il ne connait ni le peintre ni le titre de cette peinture qui absorbe ses sens, appelle à l'ennui, à se laisser aller à rester là des heures durant. Passant une main dans la barbe qu'il garde courte, ses pensées virevoltes, passant d'un sujet à un autre sans réelle logique.

Jambes croisées, regard perdu, Malvolio n'est pourtant pas là sans raison. Il attend sa nièce, la jeune Cassandre. Depuis quelques temps, elle et lui passent d'agréables moment, notamment à cause de, ou grâce à, la nature de la jeune Macbeth. Désireuse de prendre son envol, celle-ci n'hésite pas à s'aventurer hors du donjon, hors du joug Macbeth, à la surface. Il est là l'un des rêves de Malvolio : tirer sa famille à l'air libre, la libérer des cachots et catacombes. S'il ne renie en rien son âme Helsingor et qu'il appuie de tout son être la famille à laquelle il appartiens désormais, il se refuse de laisser ce clan sombrer petit à petit, à se laisser faire par leurs ennemis. Il est temps de passer à l'action, de prouver que la famille Macbeth est réellement à craindre et à respecter.

Bien loin de là l'idée qu'il n'apprécie pas Cassandre, Malvolio profite simplement de la situation pour en apprendre toujours davantage des rues qu'il ne peut plus parcourir à sa guise, coincé par son casino, les comptes, la Cour, Andromaque. S'il fait tout cela, c'est pour eux, c'est pour lui aussi.

La pendule annonce que l'heure est proche et Malvolio ne peut que s'impatienter. Aujourd'hui, il a libéré plus de temps qu'à l'habitude, il dispose de la soirée pour Cassandre, il a également prévenu sa tendre et chère amie qu'il ne serait pas là avant un long moment et il prie que les choses se déroulent pour le mieux pendant son absence. Ce soir, lorsque Cassandre arrivera, ils ne resteront pas enfermés dans leur lugubre cage. Ce soir, Malvolio reverra les étoiles.

La porte s'ouvre enfin et tournant la tête, le né Helsingor peut voir Cassandre pénétrer la pièce.